Croix-Rouge : «Les activités et les sollicitations augmentent»

Logement, pauvreté, accueil des migrants… La Croix-Rouge luxembourgeoise a dressé le bilan de l’année 2023 et des prochains défis qui l’attendent.

«Une année de crises.» C’est par ces mots que le directeur général de la Croix-Rouge luxembourgeoise, Michel Simonis, a qualifié l’année 2023. Des crises tant au niveau international que national. L’association a ainsi multiplié les activités pour aider les plus démunis dans plusieurs domaines, comme le logement, la santé, la prévention et l’éducation. Michel Simonis note que les deux grands défis de cette année 2023 ont été la poursuite de l’aide humanitaire en Ukraine et la lutte contre la pauvreté au Luxembourg.

Pour faire face à la crise du logement au Grand-Duché et à la difficulté d’accès au logement pour les personnes défavorisées, la Croix-Rouge possède, depuis quelques années, un parc locatif. «Un logement décent est le premier pas vers une vie digne et autonome. D’autant plus qu’il est souvent plus difficile pour les personnes démunies de trouver un logement. On voit généralement que les bailleurs n’ont pas confiance ou ont des doutes», indique le directeur général de la Croix-Rouge.

Au Luxembourg, les premières cibles de la pauvreté restent, selon Diana Pereira, chargée de direction adjointe du service Cellule logement et encadrement solidaire (CLES), «les familles monoparentales, celles vivant à la limite ou sous le seuil de pauvreté, les personnes vulnérables telles que les sans-abri par exemple, les personnes âgées et les jeunes».

Dans l’objectif de développer encore davantage le nombre de ses logements, la Croix-Rouge a mis en place, cette année, le Fonds Schuman. «Nous avons reçu un legs de M^e Robert Schuman, un notaire décédé en 2022. Il a donné à la Croix-Rouge un patrimoine très important qui servira à la construction de logements sociaux et au développement d’autres projets dans les années à venir», affirme Michel Simonis.

Des projets ont déjà été lancés dans plusieurs villes du pays, comme à Berg, Esch-sur-Alzette ou Luxembourg. Ceux-ci permettront la création de 170 nouveaux logements accessibles à plus de 560 personnes. L’horizon donné a été fixé à 2030. Avec les deniers publics, ce fonds Schuman, qui pourrait recevoir d’autres legs, permettra un investissement de l’ordre de 200 millions d’euros (51 millions pour le legs lui-même).

C’est l’un des points qu’a souhaité mettre en avant le directeur général de la Croix-Rouge luxembourgeoise : la prise en charge des migrants. «À côté de la migration venant d’Ukraine, il reste un afflux énorme de migrants au Luxembourg. Mais les situations d’accueil ne sont pas toujours idéales. Des personnes passent parfois des semaines ou des mois sous des tentes. On va rester engagés avec les ministres en charge de ces dossiers pour améliorer leur situation», confirme Michel Simonis. D’après le rapport d’activité de la Croix-Rouge, en 2023, 3 638 personnes ont été logées dans les 26 structures d’accueil pour les migrants et réfugiés de l’association (contre 2 970 en 2022).

Même si le directeur de la Croix-Rouge reconnaît que la pauvreté reste difficile à mesurer, il observe tout de même que «statistiquement, les activités et les sollicitations augmentent. Les abris d’urgence, de nuit ainsi que nos actions durant la Wanteraktioun sont fortement sollicités. C’est également le cas au niveau des épiceries sociales».

En effet, toujours d’après le rapport d’activité de l’association, en 2023, les huit épiceries sociales présentes dans le pays ont enregistré un nombre record de 38 000 passages en caisse. L’augmentation est de +8 % par rapport à 2022. Au total, 2 228 ménages, soit 5 637 personnes, ont fréquenté ces lieux. La hausse est de 5 % en un an. Autre chiffre parlant : la fréquentation des vestiaires de la Croix-Rouge. En 2023, 4 180 personnes ont pu bénéficier de l’accès gratuit à certains vêtements ou accessoires au Luxembourg, soit une augmentation de +11 % par rapport à 2022.